II. La prostitution en France et en Europe aux XXème et XXIème siècles


La prostitution sévit de plus en plus en France et en Europe depuis la fin du XXe siècle. Les pays pauvres, notamment ici les pays d'Afrique subsaharienne, sont une des causes de la croissance toujours plus grande des réseaux de la prostitution. Nous allons, dans cette partie, dans un premier temps aborder les sujets des dépendances et des maladies, dans un second temps nous parlerons des acteurs et de leurs rôles respectifs dans ce système puis, pour terminer, nous étudierons les principaux attraits de cette immense économie souterraine et ce qu'elle engendre.


Partie n°I : les maladies et les dépendances engendrées par la prostitution.

La pratique de la prostitution est basée sur une multitude de dépendances, mais engendre également nombre de maladies dues à l'hygiène et aux conditions dans lesquelles les prostituées pratiquent leur métier.

1. Les maladies.


Lorsqu'on parle des relations existant entre la prostitution et la santé, la première chose qui nous vient à l'esprit est le problèmes des maladies vénériennes, plus communément appelées les MST (maladies sexuellement transmissibles) ou IST (infections sexuellement transmissibles).

Malgré toutes les prises en charges, les maladies continuent de sévir, mettant en péril la vie de nombreuses femmes.

 Il existe trois types de comportements sexuels pouvant engendrer de potentiels risques de maladies:
• les relations avec plusieurs hommes
• les relations sans préservatifs
• les relations avec préservatifs.

Très souvent les rapports sexuels entre prostituées et clients se font sans protection telle que le préservatif, primordial pour éviter tout type de maladies. Il découle donc de ces activités des maladies contagieuses à grand risque. Une prostituée a en moyenne et ce sur une année entre 200 et 300 "partenaires sexuels". On en conclut que celle-ci est donc largement exposée à des infections sexuellement transmissibles (IST), aussi appelées maladies vénériennes, provoquant ainsi souvent la transmission de ces virus aux "clients", qui eux mêmes les propageront. Il existe en effet nombre de maladies de ce type. Elles ne sont autre que :
• les maladies bactériennes
• les maladies virale.

Evidemment, les maladies les plus dangereuses sont le VIH et la SIDA.

 Sur les 42 millions de personnes vivant avec le VIH ou le SIDA dans le monde, 29,4 millions se trouvent en Afrique subsaharienne où les taux d'infection sont aujourd'hui deux fois plus élevés chez les femmes que chez les hommes. La raison pour laquelle les femmes (les plus pauvres) sont les personnes les plus exposées est le simple fait que la situation économique du pays connaissant une crise ardente, celles-ci n'ont d'autres choix pour survivre que de pratiquer la vente de leur corps. La plupart d'entre elles n'ont pas conscience des risques pris par les rapports sexuels non protégés, la majorité ne connaissant même pas l'existence des préservatifs et n'ayant quoi qu'il en soit pas les moyens de s'en procurer. Pour pouvoir subvenir à leurs besoins, ces femmes pratiquent donc deux types de prostitutions :

• certaines d'entre elles exercent ponctuellement et clandestinement, juste afin de répondre à des besoins
  immédiats comme se loger ou se nourrir
• d'autres, en revanche, décident de pratiquer de manière durable et affichée, l'argent gagné devenant donc leur principale source de revenus. La majeure partie d'entre elles décident de partir dans les pays occidentaux ou bien y sont contraintes.


Les femmes touchées par ces maladies en sont pour la plupart honteuses. Mais on se rend compte qu'environ 80.6% d'entre elles vont tout de même consulter dans des dispensaires ou hôpitaux. Ca démontre donc qu'elles ont le souci de ne pas se laisser infecter et de prévenir les maladies potentielles.

Ces maladies se transmettent par les rapports sexuels mais pas seulement. Il faut noter que chez les prostituées non consommatrices de drogues, le pourcentage de séropositivité / SIDA est beaucoup moins grand que chez les autres. Mais rappelons-le, ce n'est pas grâce à une pratique plus sûre en matière de sexe que celles-ci y sont moins exposées. En effet, le facteur de risque le plus important pour les prostituées exerçant en Occident est le partage des aiguilles et des seringues pour les drogues.

2. Les dépendances.

Les dépendances créées par les proxénètes sont souvent nocives pour les filles. En effet, les prostituées, afin de pouvoir tenir le coup, tombent dans le fléau de divers types d'addiction tels que:
• la drogue
• l'alcool.

Lorsque les jeunes femmes se droguent,  les règles d'hygiène sont une fois de plus mises à l'écart et les outils tels que les seringues, réutilisés plusieurs fois, transportent avec elles divers virus. Mais la dépendance ne s'arrête pas aux drogues. L'argent donné par les proxénètes aux prostituées est une forme de dépendance. Sans cela, celles-ci n'auraient pas un sou et seraient donc à la rue.

De plus, les "mamas" se servent de la situation de perdition des filles pour leur faire miroiter un semblant d'affection envers elles. Les filles, se voyant trouver un point d'attache, restent car c'est le seul endroit de confiance qu'elles connaissent dans les pays où elles pratiquent. Une dépendance affective s'établit alors. Les pauvres jeunes femmes ne vivent plus que pour rapporter de l'argent à leur "sponsor" afin que ceux-ci leur offre de l'argent dans le but de s'acheter des doses de drogues ou de l'alcool.

3. Les prises en charges médicales.


Les femmes touchées par ces maladies en sont pour la plupart honteuses. Mais on se rend compte qu'environ 80.6% d'entre elles vont tout de même consulter dans des dispensaires ou hôpitaux. Ca démontre donc qu'elles ont le souci de ne pas se laisser infecter et de prévenir les maladies potentielles.
D'après de nombreux experts, la prostitution serait une des premières causes de propagation de ce type de maladies. Mais heureusement, aujourd'hui, il existe de plus en plus de prises en charges:
• mesures sanitaires
• informations
• soins médicaux.

Partie n°II : les acteurs de la prostitution.

La prostitution, quelle qu'elle soit, existe par le biais de la participation de plusieurs types de personnes. Il en existe 3 principaux :

• les clients
• les les prostituées
• les trafiquants.

Deux de ces trois catégories d'acteurs de la prostitution en sont bénéficaires, profitant et exploitant ainsi la troisième catégorie sans laquelle, rapellons-le, ce business n'existerait pas.

•Les "clients" font donc partie de ces profiteurs du marché de la prostitution. Ils sont en effet la base du système prostitutionnel de part leur demande toujours plus croissante. Une association britannique de défenses des femmes les plus vulnérables, Eaves, a mené une étude auprès d'une centaine de ces hommes-clients de la prostitution à Londres. Le but était d'en apprendre plus sur ces hommes et de connaître la représentation que se font les prostitueurs de la prostitution et des coulisses du proxénétisme. Le résultat est le suivant :
Ces hommes peuvent être n'importe qui. Ils ont entre 18 et 70 ans, de toute ethnie, originaires de n'importe où. Pour la plupart hétérosexuels, de tout niveau social, de croyances religieuses diverses. 54% d'entre eux sont en couple, souffrant de solitude et de "manque d'affection".
Ces hommes cultivent le marché prostitutionnel via différents supports :

• racolage, "tapin"
• sites internet
• agence d'escorts
• maisons closes
• faux salons de massages
• clubs de strip-tease
• bars ou soirées privées.
Mais les modes de rencontres se font principalement via les agences, les maisons closes et les clubs de strip-tease.
Ils sont conscients des effets très négatifs qu'a la prostitution sur les prostituées, que celles-ci sont sous contrôle de filières, qu'elles ne sont pas respectées (forcées, battues, violées) mais continuent de participer au maintien de ces filières à cause de la satisfaction et le sentiment de toute puissance qu'ils retirent de leurs expériences.

•Les prostituées, victimes de ce trafic, sont donc les pantins de ce marché. Aussi appelées "travailleuses du sexe", ces femmes, pour la plupart embrigadées dans des filières proxénètes, n'ont pas le choix et participent à la gloire de cette économie criminelle en dehors de leur volonté et au détriment de leur propre vie. Victimes au quotidien d'humiliations et de violences, elles se considèrent pour la plupart de "survivantes de la prostitution". Les prostituées africaines constituent 37% de la totalité des prostituées en France. Le peu de fois où ces femmes acceptent de témoigner de leurs conditions, leur image est indisponible et leur nom est un pseudo. De peur de se faire surprendre par le système, elles préfèrent ne pas prendre de risques. Certaines racontent leurs "descente aux enfers" dans un milieu abominable, décrivent leurs lieux de vies étroits et sales pour la plupart, dans lesquels elles vivent en concurrence permanente avec les autres prostituées, essayant d'être toujours la plus belle pour plaire à leur "mama". Leur concurrence va parfois jusqu'aux dénonciations et   à la violence déclarée. Ces femmes, jeunes pour la plupart, parties avec l'espoir d'une vie meilleure que dans leur pays où l'ascension sociale a peu de chance d'aboutir et où les conditions de vie sont rudes, se voient déchanter lorsqu'elles comprennent le business dans lequel elles sont tombées.


NATIONALITÉ DES FEMMES ÉTRANGÈRES SE PROSTITUANT SUR LA VOIE PUBLIQUE
EN FRANCE EN 2010 (en %, d'après l'Assemblée Nationale).




• Le proxénétisme est une activité illicite dans la majorité des pays consistant à tirer profit de la prostitution d'autrui ou à la favoriser.
Dans les filières africaines, les proxénètes sont principalement des femmes. Leur emprise sur les filles découle d'un mécanisme complexe commençant par la séduction, suivie très rapidement d'une préparation à la soumission physique et morale. La manipulation verbale et le chantage sont omniprésents dans la vie des jeunes femmes. Quelques fois, les "maquerelles" adoptent une attitude maternelle afin que les filles se sentent en confiance et recherchent de l'affection qu'elles ne peuvent recevoir nulle part ailleurs.
Ces patrons d’établissements jouent de la vulnérabilité de leurs recrues en leur imposant une effroyable relation de dépendance qui les contraint à accepter des clients ivres, des rapports sans préservatif, ou à consommer d’importantes quantités d’alcool. La police complète le tableau en affichant bien souvent une parfaite indifférence aux agressions.


Partie n°III: une immense économie souterraine.

Une économie souterraine est, par définition, une activité qui échappe à l'Etat. On pourrait la rapporter aux termes d'économie parallèle ou encore d'économie informelle. Celle-ci englobe tous les échanges de biens et services. Ce type d'économie est très lucratif et arbore de nombreux avantages pour les individus qui en tirent les ficelles. Ce genre d'activité sort donc du cadre officiel du travail déclaré et n'est donc pas soumis aux taxes. Ces réseaux de criminels sont des sortes d'Etats dans l'Etat qui malgré tout exercent en fonction de l'évolution de la société. L'économie illégale du sexe en fait partie.

1. Les revenus générés par ce commerce.

Comme tout le monde le sait, le sexe fait vendre. Avec la drogue, la prostitution s'inscrit au premier rang criminel de l'économie de la distraction. Dans tous les pays du monde, selon les rapports de police, 50% à 95%  de la prostitution est entre les mains de proxénètes au XXIe siècle. Rapellons pourquoi : ce commerce a toujours été très rentable pour les individus qui dirigent ces réseaux. En effet, les revenus générés sont très importants :

• Au niveau mondial, on estime, d'après Havocsope, à plus de 300 milliards de dollars les revenus de la traite des êtres humains, dont plus de 85% à fin d’exploitation sexuelle, d'après UNODC.

• Pour la France, les revenus dus au proxénétisme varient entre 2 et 3 milliards d'euros, dont 70% reviendraient aux proxénétes.

• Une prostituée est censée, pour 13 heures travail soit environ une dizaine de passes, rapporter 350 euros à son "sponsor". Elle ne toucherait apparement qu'une cinquantaine d'euros sur la totalité des gains.

Une prostituée qui fait une dizaine de passes par jour  rapporte  entre 70 000 et 150 000 euros par an à son proxénète. Un proxénète dépasse le million d'euros de revenus annuels avec six ou sept personnes prostituées. Depuis les années 1990, la phrase qui se répète inlassablement à la Commission Européenne n'est autre que :« C’est une des activités les plus rentables et les moins risquées. ».


2. Les estimations.

Du fait de son opacité, la prostitution est un monde difficile à cerner.  En effet, la prostitution est un phénomène très difficile à mesurer dans sa globalité de part sa clandestinité. Les comparaisons entre les pays ne sont pas réellement nettes car, suivant les pays, les données sont très variables  dans les catégories suivantes:
• leur nombre
• leur variété
• leur qualité.

Dans le monde, 40 à 42 millions de personnes seraient victimes de la prostitution. 
Les prostituées seraient entre 18.000 et 20.000 en France, des femmes qui travaillent le plus souvent en périphérie des grandes villes, mais aussi dans les forêts et dans de faux salons de massage. On en compte plus de 130 à Paris.

En 2003, selon Jean-Michel Colombani, sur les 700 proxénètes arrêtés, 27 % étaient des femmes. 24% d'entre elles étaient originaires d'Afrique sub-saharienne, 4% d'Afrique du Nord et près de 34 % d'Europe de l'Est. L'Afrique noire représentait 35,5% de cette population étrangère et l'Europe de l'Est, 49,5%.  La même année, en ce qui concerne le racolage, près de 2400 personnes ont été interpellées sur le territoire français.
Mais les arrestations sont rares, et le démantellement des réseaux est très difficile.

Les prostituées pratiquant en Europe et en France sont principalement originaires de pays pauvres. On remarque que ces femmes arrivées dans les pays industrialisées dans le but de vendre leur corps (souvent contre leur gré) sont nettement exposées à tous types de maladies sexuellement transmissibles. De plus, elles sont contraintes de prendre de la drogue (nombre d'entre elles tombent dans la toxicomanie). Enfin, le réseau de la prostitution est une immense toile très difficile à représenter.